Le 23 mai, le quotidien La Provence publiait un article sur la pollution atmosphérique et le trafic maritime. Cet article a été rédigé suite à la publication par AtmoSud, l’observatoire de la qualité de l’air en Région Sud, d’une étude sur la question. Intitulé « Pollution maritime à Marseille : alerte sur ces particules fines dangereuses pour la santé » et accompagné d’une photographie d’un navire de croisière aux abords des côtes marseillaises, l’article semblait suggérer que l’activité croisière était la source principale de la concentration en particules fines relevée par l’étude et mettait ainsi en danger la santé des habitants.
Ce que l’étude d’AtmoSud met en avant comme conclusion principale est la présence de particules ultra-fines dans les navires et dans les zones avoisinant les terminaux du port. Mais l’étude fait également émerger un certain nombre d’éléments secondaires qui permettent, selon l’Association de la Croisière, de remettre en perspective l’article de La Provence.
- D’abord, il convient d’indiquer que, selon les chiffres repris par AtmoSud, le transport maritime et le transport fluvial ne sont à l’origine que de 13,5% des émissions de gaz à effet de serre liés à la mobilité en Europe, là où le transport routier en est responsable à hauteur de 71%.
- En entrant dans le détail de ces polluants, ensuite, AtmoSud relève que 25% des SOx (oxydes de soufre) et 26% des NOx (oxydes d’azote) sont issus du trafic maritime. Un quart, donc, de cette pollution lui est imputable, toutes sources de pollution confondues. Concernant les particules fines, celles qui sont inférieures à 2,5 micromètres, elles proviennent à 9% du trafic maritime là où les autres modes de transport représentent ensemble 91% des émissions.
- Par ailleurs, l’étude inclut des modélisations de fumées de bateaux et leurs retombées dans la ville de Marseille. Parfois dispersées par les vents de terre et parfois ramenées sur la côte par le vent de mer, l’étude montre comment les fumées se diffusent en fonction de deux facteurs majeurs. Le premier est la hauteur des cheminées : les cheminées de paquebots de croisière culminant jusqu’à environ 50 mètres de hauteur, les fumées se dispersent en altitude, parcourent plusieurs centaines de mètres avant de retomber au sol et d’y influencer la concentration en particules ultra-fines. Le deuxième facteur est celui de la topographie de la ville : bâtiments et collines fonctionnent comme des barrières qui retiennent les panaches et les font retomber au sol plus rapidement, et donc de façon plus concentrée en particules ultra-fines. Dans les deux cas cependant, les concentrations au sol sont perceptibles pendant un laps de temps relativement bref (moins de 30 minutes), et dans un rayon géographique limité (pas de polluant lié au maritime au-delà de 3km).
- Enfin, rappelons que l’étude compare les concentrations en particules ultra-fines issues du maritime avec celles qui sont issues du trafic routier. Ces dernières sont moins élevées, puisque les voitures sont obligatoirement équipées de filtres à particules, une technologie utilisée depuis maintenant plusieurs années dont l’efficacité est validée scientifiquement (et qui commence tout juste à équiper certains navires).
En tout état de cause, l’Association de la Croisière voudrait saluer l’initiative d’AtmoSud qui consiste à évaluer la qualité de l’air de la manière la plus scientifique possible et les origines des différents polluants. Il souligne également qu’AtmoSud relève une diminution drastique du dioxyde de soufre (SO2) dans les panaches des navires depuis l’entrée en vigueur de la réglementation de 2020 sur les carburants soufrés, entrainant une réduction de 35% des sulfates particulaires (SO42-), une version fragmentée de ces oxydes de soufre.
L’Association, ses partenaires et le Grand Port Maritime de Marseille continuent à mettre en œuvre leurs feuilles de route pour la décarbonation du transport maritime, à la fois à travers la connexion à quai qui sera accessible aux paquebots de croisière en 2025, la promotion de la propulsion au Gaz Naturel Liquéfié (GNL) des navires faisant escale au port de Marseille et toutes les autres technologies permettant de réduire l’impact énergétique et environnemental du secteur maritime.